Heptagone
Un collectif heptagonal pour un excellent aperçu du hip-hop hexagonal

 

Composé au départ de 21 membres, mais finalement réduit à 7 à la suite de la fondation progressive de plusieurs groupes ayant choisis la carrière dite "solo", tels que les X-Men, ATK est un ensemble de trois sous-groupes, comprenant chacun deux rappeurs : Apocalypse (Axis et Antilop), Maximum de Phases (Test et Freddy K) et Legadulabo (Cyanure et Freko). La force de ce collectif est d'établir tout au long de son album une parfaite complicité, chaque groupe possédant son propre style, et tous étant complémentaires les uns par rapport aux autres.
On assiste alors à une démonstration conceptuelle unique, dont le souci de complémentarité permet de résumer à lui seul l'étendu des différents flows proposés par le hip-hop, tout en l'emmenant au sommet de son art.

 

1. Rester Seul (intro) - Apocalypse
Présentant la froideur et le caractère sérieux du groupe, l'entrée en matière grave et sans faille d'Axis et Antilop survole avec savoir-faire tous les déboires et les excès de notre société, en 1 minute et des poussières montre en main. Grâce à leurs rimes de qualité, ils rendent cette introduction générale digne des titres légendaires ; on pense bien sûr au colossal Hardcore des Ideal J, qui énumérait de la même manière avec un pessimisme en béton armé la liste universelle des innombrables saloperies dont l'Homme est le grand créateur.

2. Qu'est-ce Que Tu Deviens ? - ATK
Réunissant l'ensemble du groupe au grand complet, dont chaque membre se pose successivement sur un sample magnifique de Sade, Qu'est-ce Que Tu Deviens ? aborde le thème inépuisable des amis disparus, non pas décédés mais éclipsés d'un jour à l'autre, sans que l'on ait eu le temps de réaliser combien ils comptaient pour nous. Introduit par les couplets parfait d'Axis et d'Antilop qui eux s'adressent à l'auditeur pouvant se reconnaître, et reposant essentiellement sur le principe de "mettre en son" (et non pas en scène) plusieurs situations de retrouvailles, interprétées dans l'ordre par Max de Phases, Fréko et Cyanure, ce morceau est très certainement le plus grand jamais réalisé sur le sujet.
La formule fonctionne en effet à merveille, et dégage avec cohérence le message que le groupe souhaitait communiquer : le plaisir du hasard de la vie, débouchant sur une amitié plus ou moins inattendue, ne se ressent malheureusement souvent que lorsque que celle-ci meurt définitivement, avant de se transformer en une tristesse mêlée à un regret, celui de ne pas en avoir pris conscience plus tôt. Et le plus triste est de voir cette amitié de base par la suite négligée, ou même se retourner en sentiment de jalousie, à cause du temps passé et qui a modifié la personne que l'on connaissait jadis (cf. la retrouvaille entre Fréko et une ancienne copine, ainsi que la discussion téléphonique entre Test et Freddy K).
La piste se termine sur une belle conclusion de Cyanure qui, s'alliant aux pleurs du saxophone, résume bien ce sentiment d'amertume : "Il s'agit de ceux et de celles qui marchaient sur les mêmes chemins que toi, pote d'un jour, passé trop vite, pote qui ne te côtoie plus. A tes côtés ils n'y sont plus, et un jour où ils t'ont dis
«bon bah à demain» et puis plus rien. Qu'est-ce que tu deviens ?"

3. Mangeur de Pierres - Fréko et Ek-Tomb
Ce morceau nous présente l'étonnant Fréko, dont le style s'apparente en gros à un orage soudain et brutal s'abattant régulièrement sur le CD, afin de nous rappeler que l'on y trouve vraiment de tout, et qu'il est bien imprudent de ne pas sortir couvert. Les sinistres Ek-Tomb (croisées par ailleurs dans Au Commencement de Mr R) se chargent quant à elles du refrain, offrant un cocktail froid et sauvage, qui n'est pas à l'abri de brèves interventions sombres et humouristiques signées Fréko (0'30" : "J'préfère avoir comme repas des cailloux que de faire le pitre en costard pour un patron toujours en colère").  

4. Les Rêves Partent en Fumée - Apocalypse et Cyanure
Avec Les Rêves Partent en Fumée, ATK, représenté ici par Cyanure, Antilop et Axis, transfigure avec brio le malaise partagé par toute une jeunesse, ou même par la jeunesse en général. Ce n'est pas le rêve américain ni même le rêve français dont il est question ici, mais le rêve de réussir quelque chose dans sa vie qui puisse être reconnu par son entourage, le rêve de laisser une trace sur son passage. Le rêve d'exister, tout simplement.
L'air qui nous est proposé contient en lui toute la mélancolie de ce thème quasi-universel et très justement abordé. Le final du morceau est à ce titre merveilleusement amené par Antilop, laissant une tristesse amère et fatale en arrière-goût, à l'image de ce morceau maîtrisé de bout en bout : "Les rêves partent en fumée, certains fuient leurs soucis en fumant ; d'autres n'en voient pas l'intérêt, avec la vie veulent en finir. Le grand obstacle au bonheur, c'est de s'attendre à un trop grand bonheur ; si demain je meurs sans honneur, c'est que tous ces rêves n'étaient qu'un leurre."

5. Ma Mort... - Freddy K et Oxmose
Même si l'on pourrait critiquer un manque de consistance au niveau de la profondeur des paroles, il faut bien admettre que ce FK (K pour Krugger ?) a vraiment un style irréprochable, et ses lyrics de bad boy endurci et sûr de lui (1'42" : "Mon style a tellement de formes que plus d'un homme se taperait des queues", ou plus loin, à 3'20" : "Je tue comme la balle perdue, venge les innocents le sang coule à flots, la colère dans mon regard est-ce que tu le sens ?!") fonctionnent à merveille sur le beat lourd et saccadé, rythmant un sample sombre mêlé à la belle voix r'n'b de la chanteuse Oxmose, dont c'est la première apparition. 

6. Tuer Ou Mourir - Legadulabo
Dans ce track sombre et fataliste, les deux "gars du labo", Cyanure et Fréko, nous décrivent une vision pessimiste de la société, et tout particulièrement de la dégradation des liens sociaux. Ils présentent la vie sociale comme une véritable guérilla urbaine, ou chaque personne que l'on croise peut n'avoir qu'une seule idée en tête : nous réduire à néant. Même s'il est vrai que ce point s'avère abusif, les deux rappeurs se font là encore largement pardonner en suggérant le côté imagé de leur morceau, notamment lorsque Cyanure exprime admirablement le partage de l'esprit humain entre le Bien et le Mal, à l'aide d'une représentation physique de ce phénomène : la main ouverte et paisible d'un côté et le poing fermé aux doigts serrés de l'autre (1'10").
Autre point positif de Tuer Ou Mourir, sa musique, qui colle on ne peut plus avec son aspect dramatique. Avec quasiment un seul sample, qui subit tout au long du morceau des variations, le groupe parvient à transcrire une ambiance parfaite et plus fouillée qu'on pourrait le penser. Le son semble souvent sortir de nulle part pour se faire subitement très proche des oreilles, produisant de beaux effets sur celles-ci, par exemple à 3'05", où tout s'arrête soudainement, avant que la musique ne se détache du silence pour ensuite réinstaurer le rythme puis le refrain.
Bon et bah finalement, avec tout ça, Tuer Ou Mourir est un grand morceau, peut-être pas le plus grand, mais on n'en est pas loin !

7. Heptagone - ATK
Léger et délirant, Heptagone est surtout là pour faire la présentation du groupe, en même que la célébration de leur petit chef-d'oeuvre. Des coulpets incontrôlés partant facilement en vrille mais toujours dans la bonne humeur (ceux de Fréko et Cyanure), une flopée de phrases-clé parfaitement convaincantes ("ATK c'est 7 piliers, impossibles à plier, aussi solides que l'écorce d'un peuplier (...) J'suis là pour faire bouger la foule donc j'veux t'entendre crier ; ATK ou l'heptagone remue tes seufs te fais pas prier"), et une musique explosive qui donne une envie furieuse de se bouger (mais où vont-ils piocher tous leurs samples ?!) suffisent à rendre un morceau-promo à priori peu intéressant en une énorme source d'énergie exemplaire.

8. Tricher - Antilop
Oui, alors en écoutant la musique de Tricher, on a une vague impression de déjà entendu (Everything Gonna Be Alright, ça vous dit quelque chose ?). Mais très vite, les textes mélancoliques et faisant preuve d'une justesse impressionnante du lugubre Antilop prennent le dessus, et parviennent à s'approprier entièrement cet air de classique pourtant très connu, pour finalement nous faire oublier les autres morceaux l'ayant utilisé (Everything Gonna Be Alright ? C'est quoi ça ?).
Tricher parle, comme son nom l'indique, de la difficulté de vivre une vie saine et honnête sans se faire d'illusions. L'excellent refrain résume bien le thème du morceau, en même temps de souligner le talent lyrique du rappeur : "J'aurais beau tricher, fermer les yeux et dans ma tête monter des clichés, la vie que je mène est tâchée, la vie que je mène est tâchée..."

9. J'Fuck (interlude) - Maximum de Phases
J'Fuck paraît être le son idéal pour une entrée en matière sympa dans l'univers cool et rentre-dedans à la fois de Maximum de Phases. Pendant ces deux minutes de qualité, Test et FK énoncent, avec une belle énergie sans aucun complexe ("Fuck les faux qui poussent comme de la mauvaise herbe ! Leur style naze - je gerbe - s'empile comme des macchabées serbes !" balance Test à 1'05"), leur petite liste de trucs à niquer dans les plus brefs délais. Sans grande prétention morale, le flow très jemenfoutiste du Max' de Phases fonctionne à merveille. Un interlude de luxe ; fichtre, profitons-en !

10. 20 Ans - Cyanure
Débutant sur des répliques de films pas très nets ("- Et vous avez vécu 20 ans ?" demande une étrange voix en écho "- Je n'ai pas vécu exactement 20 ans" répond un autre homme avec des allures de psycophate), le solo de Cyanure est vraiment de grande qualité. Qualité musicale, bien sûr, qui témoigne d'une grande profondeur, surtout lors des refrains.
Oui, ce morceau comporte plusieurs refrains, et c'est là que la qualité lyrique intervient. En s'appuyant sur de multiples images tout à fait plaisantes (l'escalier et la 20ème marche entre-autres) et parfaitement appropriées à sa sorte de dissertation sur la signification de la vingtième année d'un homme, et en particulier la sienne, Cyanure tente de mieux comprendre le sujet en reprenant tout depuis le début. Et sa progression se modifie peu à peu, marquée par l'arrivée de chaque nouveau refrain, qui interprète ingénieusement de trois manières différentes un certain malaise personnel. Tout ça pour finalement arriver à une saturation de réflexion très bien rendu, donnant lieu à une solution introuvable, à un problème irrésolvable : "Vraiment 20 ans, ou 20 ans déjà ? 20 ans déjà, ou 20 ans seulement ? Je ne sais plus quoi penser...".

11. Méfie-toi - Apocalypse
Bon. Il est vrai que l'on aurait pu espérer un petit miracle apocalyptique du duo sans faille formé par Antilop et Axis. Alors forcément, on est un poil déçu par ce morceau seulement fort agréable. Apocalypse nous y expose leur avis sur la gente féminine actuelle, parsemée d'une malhonnêteté désespérée et désespérante, et de mensonges sans fin en perspective.
L'excellente guitare joyeuse que nous offre le sample apporte une bonne humeur incontestable, et y est beaucoup pour l'atmosphère "très sympa mais pas nécessairement intéressante" du morceau. Sans être exceptionnels, les lyrics sont de très bonne facture, comme d'habitude, avec notamment de petites comparaisons cinématographiques là aussi bien sympathiques (0'38" : "... jusqu'au jour où on se fait berner, où on pète les plombs comme Bernie ; les nerfs à vif comme De Niro, le plus dur ne pas délirer"). 

12. Burning Zone (intro) - Test, Freddy K et Antilop
Bien qu'ils passent le plus clair de leur temps à jouer les caïds dans leurs morceaux, les deux rappeurs infernaux du Max' de Phases savent tout aussi bien porter une sorte de second degré léger et bienvenu envers eux-mêmes. Même si les apparences peuvent être trompeuses, ce n'est pas une interlude à laquelle on a à faire ici, mais bien une introduction à Burning Zone.
En choisissant de simuler une scène de leur quotidien (le refus de leur entrée dans une boîte de nuit, à cause du fait qu'ils ne possèdent pas d'invit'), Test et FK décrivent avec humour et légèreté leur situation dans la vie de tous les jours en même temps que leur place dans la hiérarchie (et oui, ce ne sont pas les maîtres du Monde, mais juste de simples citoyens). Au passage, le numéro de videur "qui veut rien savoir" par Antilop vaut le détour ; musique, comédie, mais ils font tout, ces mecs-là !

13. Burning Zone - Maximum de Phases
Dans cette démonstration de frime exemplaire pour tous les autres rappeurs (mais pont trop n'en faut, et ATK l'a compris), Test et Freddy K s'imaginent propulsés aux caraïbes, pleins aux as, ce qui leur permet de se la jouer Style Dre durant trois minutes et demi. Ils nous rappellent que s'ils sont ici, ce n'est autre que "pour finir sous les liasses". La formule, pourtant vue et revue (et rerevue) dans le hip-hop, fonctionne ici à la perfection, notamment grâce au son proposé, qui sait se démarquer des autres du CD pour nous propulser sans aucun mal et dès les premières notes au milieu des "nanas à gogo, des fesses des lolos"...
Le style de Burning Zone atteint des hauteurs grâce (évidemment) aux lyrics machos qui s'inscrivent parfaitement dans la lignée du morceau (1'30" : "Burning zone/zone de luxe, un film d'action classé X sous les mots "Sex, Sea, Sun, Dollars" gravés sur mon plexus"), mais aussi grâce à des subtilités innatendues, des détails qui mine de rien apportent beaucoup, tels que la voix féminine dans le genre Vanessa Paradis version américaine à 2'27", sortie de nulle part (on sait pas qui c'est, mais à vrai dire on s'en tape royalement).

14. Pas de Vie sans Haine (intro) - Axis
No comment. Bah oui hein, une intro c'est une intro, voilà tout.

15. Pas de Vie sans Haine - Axis, Oxmose et Antilop
"Pas de jour sans nuit, pas de mort sans vie ; de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas", telle est la phrase dominante de ce morceau qui témoigne d'une perfection en béton. Les couplets d'Axis, entrecoupés des refrains toujours grands d'Oxmose et complétés par l'intervention finale d'Antilop, appuient là où il faut afin de dégager une vision non pas désespérée mais simplement pertinente, sur l'instinct hargneux encré dans la nature humaine.
La sobriété instrumentale et la musique plutôt sombre ne démentent pas l'atmosphère douloureuse du titre, n'en faisant pas non plus un opus exceptionnel, mais dont le but premier est de dénoncer quelque chose, de comprendre, d'analyser brièvement pour arriver à une conclusion vague et clair à la fois, abstraite et concrète. Un sans faute.

16. Sortie de l'Ombre - Maximum de Phases et Legadulabo
Alors là, voilà une preuve que ce disque est absolument INDISPENSABLE à tout amateur de hip-hop qui se respecte ; Sortie de l'Ombre représente sans doute l'un des éléments les plus intéressants dans l'achat d'un tel album, c'est-à-dire la mise en place des mélanges géniaux entre les différents styles précédemment découverts à l'occasion des multiples solos, chacun d'entre-eux consacré à un seul des trois groupes. Le but du jeu étant bien sûr de goûter avec plaisir au cocktail, seulement après s'être entièrement approprier le flow de Test et FK, et celui de Cyanure et Fréko.
Et bien à ce point précis de l'Heptagone, on peut affirmer que ça déchire bien comme il faut tout ce qui ce fait actuellement (hein ? Lord Kossity ? pfff...). Un refrain maîtrisé (somptueux décalage des voix à 2'05"), un air de piano sombre et furieux bouclé, et les couplets furieux de 2 visages pâles / 2 têtes grillées... Admirez au passage le final fort réussi (à partir de 3'26"), un festival de scratchs en échos accompagné d'une accélération rythmique soudaine des notes de piano, et qui ajoute une nouvelle touche d'intensité inattendue en cette fin de morceau impressionnante.

17. 7ème Sens - Test
Encore un sample en or ! Une musique limpide et lumineuse, très calme et très douce, un peu sourde, ne peut que annoncer des choses magnifiques. Alors, quand arrivent les premières impacts du beat, immédiatement suivis d'extraits de rap américains enchaînés, on se doute qu'on n'a pas affaire à du Yannick.
Le solo de Test est donc de très grande qualité. Oui d'accord, mais qu'est-ce que le 7ème sens ? Et bien c'est tout un état d'esprit, une mentalité, une manière d'agir qui fait la différence (avec qui ? avec quoi ? Je vous l'ai déjà dit, ARRETEZ DONC VOS SEANCES D'INTERROGATOIRE ! Malgré les apparences, JE N'EN SAIS PAS PLUS QUE VOUS (grande révélation), et d'ailleurs vous feriez mieux d'arrêtez de m'interrompre à tout bout de champs, car ces commentaires d'Heptagone deviennent vraiment longs, pour ne pas dire laborieux, pour ne pas dire, encore plus franchement, LOURDS. Si vous ne m'aidez pas un peu, comment voulez-vous qu'on sorte un jour de cette foutue page ? Ah oui, bonne remarque, c'est vrai qu'il y a toujours le lien "Retour à la rubrique Musique"... :-).

18. L'Affaire Hot Dog (outro) - Legadulabo
Pour la fin, ATK nous a réservé un chef-d'œuvre, non, un CHEF-D'ŒUVRE de délire, racontant une histoire de cartoon : des chiens officiers de police sont envoyés à "Cabot Ville", pour résoudre une affaire de meurtres perpétués par un suspect, un clébard lui aussi ! Aussi, pour rentrer dans la peau de ces toutous-détectives, qui aurait mieux convenu que ces dingues de Cyan' et Fréko ?
C'est donc sur une musique jouissive tout droit sortie de Disneyland que Legadulabo font avancer leur enquête, entremêlant leur voix et croisant leurs mots à un rythme totalement effréné ; pour preuve, tout le déroulement de cette affaire ne dure que 55 secondes exactement ! (il vous faudra écouter le morceau trois à quatre fois de suite, voire plus, pour parvenir à décrypter tous les détails de l'enquête) Et tout ça pour arriver où, hein ? A un petit marchant de hot-dogs, juste à quelques mètres des meurtres, où le tueur s'est arrêter, incapable de contenir sa gourmandise, à 16h30 précise ("L'heure du goûter ! Le coupable est tombé sur un os, il regrette, il regrette...").
En truffant leur morceau de bruitages en tous genres, comme un chien se grattant (0'10") ou des aboiements de gentils toutous (à partir de 1'16"), et en s'amusant sur des jeux de mots éclairs (0'19 : "One toutou, what time is it ?", et 0'28" : "... inspectent les dégâts du cabot - les gars du labo"), Fréko et Cyanure parviennent à créer une incroyable impression de se retrouver non pas devant, mais dans un pur cartoon (leurs brefs états des lieux sont d'ailleurs à déguster sans aucune modération, à 0'30" par exemple : "... avec chapeau-soquettes, pas d'allure coquette, les passants jactent et les témoins caquettent !").
Et quand, à 1'30", Fréko invite le groupe au grand complet à l'accompagner dans son délire, faisant aboyer les fameux bruitages et créant un chant joyeux et hilarant, on est définitivement fixé sur le fait que ce groupe-là représente tout le hip-hop bien sûr, grâce à sa palette de styles rapologiques incroyablement large, mais l'élève par la même occasion à un niveau encore jamais atteint (a-t-on déjà entendu un titre possédant un tel degré d'inventivité, de folie et de drôlerie ?!).

 

Mad Dog, mars 2001

  

 

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