En 2019, Los Angeles n'est plus qu'une sombre
ville ravagée par la pollution et la criminalité, sur laquelle s'abat
constamment une lourde pluie grasse. Mais c'est aussi une ville où se déroule
une activité de manipulation génétique immense, dont se charge la Tyrell
Corporation, qui a mis au point le Nexus 6, sorte de clone humain aussi appelé
"répliquant", qui sert de main d'œuvre dans les colonies de
l'espace.
Cependant, certains tentent de s'évader de ces planètes colonisées afin de
rallier la Terre, pour enfin connaître la liberté. C'est ensuite le
"blade runner" qui intervient, dont le travail consiste à retrouver
et à "réformer" (pour reprendre les termes du film) tout répliquant
en fuite.
Rick Deckard (Harrison Ford) est un
ancien blade runner, fatigué d'avoir trop longtemps fait ce métier,
porté ce fardeau-là. Mais voilà que son patron lui confie une dernière
mission importante. Deckard se voit forcé d'accepter ; une évasion a
eu lieu et un groupe de répliquants dont le chef est Roy Batty (Rutger
Hauer) se baladent en liberté dans les rues de Los Angeles. |
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A partir de ce moment, la vision de son
métier va se modifier au fur et à mesure du déroulement de l'enquête
("Ca ne me plaisait pas pour
autant d'avoir abattu une femme dans le dos" dit-il
après avoir réformé Zhora, une des répliquantes, dans une allée).
Il va se rendre compte que son métier consiste en fait à tuer des
innocents. Durant près de deux heures, Deckard traque et extermine
toute une "famille" de répliquants, qui ne sont certes pas
des anges (Roy Batty assassine Tyrell, son créateur) mais qui sont
motivés par de nobles raisons ("Je
veux plus de vie", lui
lance-t-il peu avant le crime). |
Cette puissante histoire est aussi une critique amère
de la société actuelle, dans le sens où elle en fait ressortir les pires côtés
(excès de la technologie, indifférence et mépris de l'autre) et nous en
montre les limites.
Le film est aujourd'hui devenu non seulement un chef-d'œuvre de la
science-fiction, à classer aux côtés de 2001,
l'Odyssée de l'Espace, mais également
un chef-d'œuvre du film noir, le réalisateur y ayant instauré une référence
lumineuse aux plus grands films noirs des années 40 (qui mettaient en vedette
Humphrey Bogart). Le déroulement général de l'enquête, le privé cynique en
imperméable magistralement interprété par Harrison Ford, les sombres décors
inquiétants et noyés sous la pluie ; tout y est. Et c'est peut-être cela qui
permet à Blade Runner
d'aller bien au-delà des limites parfois restreintes du cinéma de
science-fiction.
Bien sûr, il faudrait des pages et des pages
pour pouvoir énoncer toutes les qualités de ce monument. Ne m'étant ici tenu
(presque) qu'au scénario, il faut savoir que je n'ai fait que gratter la
surface de l'œuvre. Pour vous donner une petite idée de tout ce que j'ai
survolé dans cet article, je préviens une chose : son esthétique, son interprétation
et sa composition musicale y sont autant colossales que sa thématique.
Il faut ajouter que lors de sa sortie, ce film était largement en avance par
rapport aux autres, tant par ses effets visuels et ses décors futuristes
magnifiquement imaginés (copiés par la suite maintes et maintes fois au cinéma,
dans les clips musicaux, les jeux vidéos ou en publicité), que par son thème, aujourd'hui
d'actualité. Le roman, datant de 1968 où il n'était en aucun cas question de
manipulation génétique, est donc un phénomène (Dick serait-il visionnaire
?). Bref, ce pur bijou n'a pas perdu une miette de sa splendeur. Il date d'il y
a vingt ans, mais pourrait très bien être fait aujourd'hui, ou sortir dans
vingt ans. Blade Runner
ne vieillit pas, il reste hors du temps.
Mad Dog, Juin 2000
- La mort de Roy Batty, le répliquant rêvant de vie
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