BLADE RUNNER,
une histoire forte et émouvante
plongée dans un univers sombre et traumatisant

 

En 2019, Los Angeles n'est plus qu'une sombre ville ravagée par la pollution et la criminalité, sur laquelle s'abat constamment une lourde pluie grasse. Mais c'est aussi une ville où se déroule une activité de manipulation génétique immense, dont se charge la Tyrell Corporation, qui a mis au point le Nexus 6, sorte de clone humain aussi appelé "répliquant", qui sert de main d'œuvre dans les colonies de l'espace.
Cependant, certains tentent de s'évader de ces planètes colonisées afin de rallier la Terre, pour enfin connaître la liberté. C'est ensuite le "blade runner" qui intervient, dont le travail consiste à retrouver et à "réformer" (pour reprendre les termes du film) tout répliquant en fuite.

 

Rick Deckard (Harrison Ford) est un ancien blade runner, fatigué d'avoir trop longtemps fait ce métier, porté ce fardeau-là. Mais voilà que son patron lui confie une dernière mission importante. Deckard se voit forcé d'accepter ; une évasion a eu lieu et un groupe de répliquants dont le chef est Roy Batty (Rutger Hauer) se baladent en liberté dans les rues de Los Angeles.
Deckard doit ensuite rendre visite à Eldon Tyrell, le créateur de tous les répliquants, afin de tester une curieuse petite machine permettant de distinguer un répliquant d'un homme, sur le tout dernier modèle conçu, le Nexus 6, qui demeure plus "humain" que les anciennes générations de Nexus. C'est ici qu'il rencontre Rachel (Sean Young), une répliquante tellement perfectionnée qu'elle est elle-même persuadée d'être humaine. Mais à la suite de cette entrevue, elle commence à douter de son identité (on retrouve ici un thème proche de celui de "Total Recall", adapté également d'un roman de Philip K. Dick), et Deckard va lui avouer qu'elle n'est pas humaine. Une relation étrange s'installe entre eux, ce qui va les pousser à rester en contact.


A partir de ce moment, la vision de son métier va se modifier au fur et à mesure du déroulement de l'enquête ("Ca ne me plaisait pas pour autant d'avoir abattu une femme dans le dos" dit-il après avoir réformé Zhora, une des répliquantes, dans une allée). Il va se rendre compte que son métier consiste en fait à tuer des innocents. Durant près de deux heures, Deckard traque et extermine toute une "famille" de répliquants, qui ne sont certes pas des anges (Roy Batty assassine Tyrell, son créateur) mais qui sont motivés par de nobles raisons ("Je veux plus de vie", lui lance-t-il peu avant le crime).
Ce n'est que lors du dernier affrontement sur les toits de la ville où Roy, le dernier répliquant, épargne Deckard que celui-ci comprend pour la première fois ce qu'est d'être répliquant ; les rôles se sont inversés, c'est lui la proie et non plus le chasseur (cette idée est très bien illustrée par la phrase que prononce Batty lors de cette confrontation :
"Quelle expérience de vivre dans la peur ? Voilà ce que c'est d'être un esclave"). Deckard ne peut que regarder le répliquant mourir sous ses yeux. Il n'a plus qu'une seule chose à faire : aller chercher Rachel à son appartement et partir avec elle pour la sauver des griffes de ce monde cruel, et par la même occasion acheter son salut - et celui de tous les autres blade runners.

Cette puissante histoire est aussi une critique amère de la société actuelle, dans le sens où elle en fait ressortir les pires côtés (excès de la technologie, indifférence et mépris de l'autre) et nous en montre les limites.
Le film est aujourd'hui devenu non seulement un chef-d'œuvre de la science-fiction, à classer aux côtés de
2001, l'Odyssée de l'Espace, mais également un chef-d'œuvre du film noir, le réalisateur y ayant instauré une référence lumineuse aux plus grands films noirs des années 40 (qui mettaient en vedette Humphrey Bogart). Le déroulement général de l'enquête, le privé cynique en imperméable magistralement interprété par Harrison Ford, les sombres décors inquiétants et noyés sous la pluie ; tout y est. Et c'est peut-être cela qui permet à Blade Runner d'aller bien au-delà des limites parfois restreintes du cinéma de science-fiction.

Bien sûr, il faudrait des pages et des pages pour pouvoir énoncer toutes les qualités de ce monument. Ne m'étant ici tenu (presque) qu'au scénario, il faut savoir que je n'ai fait que gratter la surface de l'œuvre. Pour vous donner une petite idée de tout ce que j'ai survolé dans cet article, je préviens une chose : son esthétique, son interprétation et sa composition musicale y sont autant colossales que sa thématique.
Il faut ajouter que lors de sa sortie, ce film était largement en avance par rapport aux autres, tant par ses effets visuels et ses décors futuristes magnifiquement imaginés (copiés par la suite maintes et maintes fois au cinéma, dans les clips musicaux, les jeux vidéos ou en publicité), que par son thème, aujourd'hui d'actualité. Le roman, datant de 1968 où il n'était en aucun cas question de manipulation génétique, est donc un phénomène (Dick serait-il visionnaire ?). Bref, ce pur bijou n'a pas perdu une miette de sa splendeur. Il date d'il y a vingt ans, mais pourrait très bien être fait aujourd'hui, ou sortir dans vingt ans.
Blade Runner ne vieillit pas, il reste hors du temps.


Mad Dog, Juin 2000

 

 

- La mort de Roy Batty, le répliquant rêvant de vie
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