Après que Roy Batty, le dernier répliquant, ait désarmé Deckard et déboîté un à un deux de ses doigts, correspondant à la mort des deux répliquantes ("Ca c'est pour Zhora ! Et ça c'est pour Priss !" lance Batty, sous les cris de douleur du blade runner), il lui replace le pistolet dans la main et lui dit : "Vas-y Deckard, je suis ici ! Tu as intérêt à tirer juste !".
La machine, bien plus agile, plus rapide et plus
puissante que l'homme, son créateur, en fait son jouet, le plie à ses règles
comme un animal domestique, avec une stratégie diabolique et imparable. Car,
dans cette scène de poursuite sur les toits sinistres des vieux bâtiments du
20ème siècle et sous une pluie battante, l'homme est montré comme une proie
facile, apeurée par la révolte de sa création qu'il croyait maîtriser. Batty
en vient même jusqu'à imiter le cri du loup afin de terrasser un peu plus
Deckard.
Mais la vengeance de Batty ne se résume pas seulement à cela. Là où l'homme
aurait profité de ses moyens supérieurs pour abattre sans le moindre scrupule
une faible victime, le répliquant s'amuse à le traquer jusqu'à l'épuiser,
pour lui infliger une leçon bien plus humiliante que la mort ; puisqu'il sait
qu'il est condamné comme tous les autres de son espèce, Batty va épargner
Deckard, afin de lui démontrer la supériorité de son esprit.
En effet, au moment où le blade runner est prêt à tomber dans le vide obscur,
Batty lui attrape le poignet puis le soulève au-dessus de lui, avant de le lâcher
sur le béton trempé. Alors qu'il pensait mourir, Deckard se voit sauvé par
celui dont il a tué les seuls amis. Batty l'observe alors avec un regard à la
fois hostile et désenchanté. En cet instant unique, il se met à lui décrire
quelques uns des plus beaux souvenirs de sa courte existence. Deckard, ne
comprenant pas ce qui lui arrive, ne peut alors qu'écouter des mots qui vont le
toucher à jamais, et regarder l'homme assis en face de lui mourir lentement en
prononçant ces dernières paroles : "Tous
ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est
temps de mourir".
Au moment où Batty meurt, une colombe blanche, qu'il avait attrapé auparavant,
s'échappe de sa main et s'élève dans le ciel. Le répliquant quitte ce monde,
mais libère un autre être par la même occasion. Cette autre personne c'est
Rachel, que Deckard va emmener avec lui et protéger à jamais ; grâce à ce
qu'il vient de vivre, Deckard a enfin trouvé la paix intérieure.
L'excellente musique de Vangelis renforce encore la puissance de cette scène, qui renferme en elle seule toute l'idée de ce très grand film noir : un regard froid et distancié de ce que nous pourrions être - ou de ce que nous sommes.
Mad Dog, Juin 2000
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