Les présentations
Digne héritière de la grande Patti Smith américaine, la forte personnalité de Polly Jean Harvey semble clairement répondre à des attentes identiques. Le chemin qu'a pris leur musique respective le prouve, en manifestant une quête poussée du sentiment amoureux et une soif constante de liberté. Amour et liberté, voilà deux grands termes que l'on jurerait usés jusqu'à la moelle mais qui, dans le cas présent, retrouvent leurs lettres de noblesse, leur sens fort et leurs zones d'ombres, en un mot, leur intégrité. Seulement, une vingtaine d'années sépare les deux artistes et force est de constater qu'aujourd'hui, nombre de choses ne sont plus les mêmes. En particulier, la lourde dimension politique caractérisant les seventies s'est fortement atténuée voire totalement effacée de l'horizon du rock'n'roll, souvent au profit d'une production mainstream qui voit la musique devenir une simple affaire médiatique, laissant beaucoup plus de place à l'argent et beaucoup de puristes sur la faim.
Élevée en parfaite libertine par des parents hippies, la jeune Polly n'aura guère besoin de temps pour attirer vers elle micros et objectifs : vingt-et-un ans exactement et la sortie grondante d'un Dry (1992) dégraissé et épuré jusqu'à l'os, qui creuse bien plus profond que le simple tabou et plonge tête la première dans un bain de sang où se débattent rage féminine démesurée, franchise exacerbée et, il faut bien le dire, machisme revisité, version vaginale. Autre preuve d'un besoin vital d'indépendance, la collaboration plutôt mitigée avec Steve Albini sur Rid of Me (1993), un producteur de renom qui s'est sauvagement intéressé au cas exceptionnel de la jeune femme en oubliant d'en comprendre les causes. Les conséquences, elles, parlent d'elles-mêmes : la même année, PJ aboie à la production 4 Track Demos, un disque primitif habité d'une rage nouvelle, forçant cette fois-ci le cadenas de la cellule que constitue toute maison de disques un peu trop gourmande.
Depuis ces petits règlements de compte, PJ Harvey suit un itinéraire qui lui va relativement bien : le sien. Et bien qu'elle ait maintenu de manière plus ou moins régulière ses séances de photos sexy derrière lesquelles elle se cache (tant pis pour les aveugles qui s'en contentent), la demoiselle a certainement mieux à faire que de poser en petite tenue pour les magazines populaires britanniques : se construire au fil des ans une discographie passionnante de singularité, authentique recueil au format rock'n'roll de ses sentiments et pensées intérieurs. Nomade dans l'âme, PJ Harvey possède cette fureur de vivre qui la rend incapable de se conformer à une image prédéfinie, dynamitant à chaque nouvel album la baraque dans laquelle on la voyait s'installer. De la rage à la sérénité, de la froideur à la sensualité, de la langueur à la spiritualité, c'est dingue à dire mais tout y est, une œuvre entière vouée à l'idée de mouvement, ce facteur commun à tous les courants de la vie.
Alors quant à ceux qui n'ont rien compris au récent et radieux Stories from the City, Stories from the Sea (2000), et qui en attendent toujours une réédition à la 4 Track Demos, ils feraient bien de se munir d'une solide patience. A tous ceux-là, je leur souhaite sincèrement bon courage.
Mad Dog, début 2002
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Stories
from the City, Stories from the Sea - 2000 |
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Is This Desire ? - 1998
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Dance Hall at Louse Point - 1996
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To Bring
You my Love - 1995
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4 Track Demos - 1993
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Rid of Me - 1993
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Dry
- 1992 |
La galerie de photos
(mélange de scans et de photos trouvées sur le web)
(*) photos retouchées par moooâââ, en principe dans le but d'illustrer au mieux certains aspects de certains disques
Quelques bons sites sur Polly Jean Harvey
+ des liens vers des clips vidéos, que j'ai dénichés rien que pour vous (APPLAUSE)
Les vidéos de The
Letter et Wo
the Fuck? ,
extraits du dernier album Uh Huh Her, sont disponibles sur le site
officiel
Une page
italienne présentant un grand nombre d'extraits vidéos au format real audio
(et oui, encore de la mauvaise qualité en perspective...)